vendredi 18 janvier 2013

La norme ne saurait être que sociale, morale ou religieuse

En ce moment, l'hiver est chaud. Du moins quand on regarde la mobilisation de certains contre une basique égalité sociale qui n'a guère fait de remous dans les pays où elle est déjà implémentée depuis longtemps. D'ailleurs, quand on y pense, la mobilisation fut assez faible en regard des énormes moyens déployés. Comme on est obligés de rester au chaud quand l'obscurantisme, la peur de l'autre, la terreur de la différence ou la simple bêtise expriment passionnément leur étroitesse à l'extérieur, on a besoin de bons ouvrages. Il y a quelques temps, un ami - que j'en profite pour remercier - m'a parlé d'un intriguant ouvrage sur la sexualité dans la nature, et il en a finalement longuement causé sur le blog des corbaques.

Quand on nous rabâche que n'est naturel que la relation un homme plus une femme, sans aucune preuve scientifique autre que la norme sociale calcifiée habituelle, on oublie vite qu'il n'y a en fait aucune norme biologique sur le sujet. La nature est remplie de contre exemples. Il faut d'ailleurs souvent pas chercher bien loin, mais l'occultation des contre exemples et l'ignorance des règles de logique formelle sont souvent un vieux dada. Ici, donc, dans ce livre, Gwenn Seemel, artiste franco-étatsunienne nous livre une série de peintures animalières superbes. Le choix des animaux n'est aucunement anodin. De l'ours brun à la mouette en passant par la hyène ou la girafe, chacun de ces animaux se comportent différemment de la théorie fantasmée des manifestants bleublancroses sur un papa + une maman (+ un crayon + une gomme, c'est le "Mariage pour trousse" nous twitta quelqu'un).

Qu'apprends-t-on dedans ? Hé bien que ce que nous tenons pour "naturel", quoi que cela entende, n'est nullement une norme biologique absolue. Toutes les configurations imaginées et imaginables existent dans la nature. De nombreuses espèces forment des couples homosexuels, sur la durée ou pour de simple relations temporaires, par jeu ou pour élever des enfants. Dans de nombreuses espèces, c'est la femelle qui domine, qui chasse, qui gère. Dans d'autres, c'est le mâle qui se pomponne et se fait beau. Encore d'autres où les petits sont élevés par les mâles, ou par des couples homosexuels. Encore, enfin, où les mâles donnent naissance, où les femelles abandonnent la garde des petits aux mâles etc. Quoique vous puissiez imaginer sur la structure d'un couple ou la sexualité existe quelque part dans la nature.

Au final, quelle que soit ce qui constitue pour vous la "normalité" d'une relation familiale ou sexuelle, ce n'est qu'une norme subjective, sur une base culturelle, sociale, morale ou religieuse, mais nullement une vérité biologique, scientifique, absolue.

Les illustrations sont des peintures superbes, qui reprennent souvent un élément évoqué pour l'animal concerné. c'est très très beau, dans une acrylique colorée pointilliste que je trouve finement maîtrisée. Il y a un je-ne-sais-quoi de géométrique dans les "points" que je trouve très beau, au-delà du feu d'artifice des couleurs. Il est difficile pour l'illustration d'enrichir le texte mais au final avoir une jolie image des animaux concernés suffit à nous rappeler, à tout instant, que la nature est superbe, entre autres dans sa variété.

Le Crime Contre Nature de Gwenn Seemel
Fichier .pdf en français vendu contre simple don ou alors livre en anglais.

L'avis de Benoît Felten

2 commentaires:

  1. Sur le même thème, mais dans un registre plus léger, je recommande chaudement (hem!) les Animal Lives de la dessinatrice suédoise Humon, qu'avait déjà mentionné Marmidotte sur la chronique de Benoît.

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  2. Animal Lives est très chouette en effet.

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