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vendredi 19 juillet 2013

On y est. Jusqu'au cou.

Ce qui est, à mon sens, pure miséricorde en ce monde, c'est l'incapacité de l'esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu'il renferme. Nous vivons sur une île de placide ignorance, au sein des noirs océans de l'infini, et nous n'avons pas été destinés à de longs voyages. Les sciences, dont chacune tend dans une direction particulière, ne nous ont pas fait trop de mal jusqu'à présent ; mais un jour viendra où la synthèse de ces connaissances dissociées nous ouvrira des perspectives terrifiantes sur la réalité et la place effroyable que nous y occupons : alors cette révélation nous rendra fous, à moins que nous ne fuyions cette clarté funeste pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d'un nouvel âge de ténèbres.
Dans l'abîme du Temps - Howard Philips Lovecraft 

Vous me pardonnerez l'usage de ce qui doit être la citation la plus célèbre du type mais c'est en gros l'effet que ça m'a fait de lire le livre attribué à Julian Assange. Je dis attribué parce que c'est en fait le compte-rendu d'une conversation entre Julian Assange, Jacob Appelbaum, Andy Müller-Maguhn et Jérémie Zimmermann.

Ce qui suivent ce blog ont pu lire, à intervalle régulier, mes coups d'sang à propose de l'une ou l'autre nouvelle loi, réglementation ou mouvement visant à réduire/censurer/diviser/rendre inaccessible Internet et l'information. SOPA, ACTA, PIPA et toute cette cohorte que les gouvernements et corporations tentent de mettre en place sous tout un tas d'arguments tous aussi fallacieux les uns que les autres : lutter contre les pédo-nazi-terroriste-dealers de drogue, sauver le cinéma, la démocratie, le monde, la musique, le livre, la télévision, etc. Jusqu'à présent, quelques trop rares personnes très motivées ont réussi, au péril de leur vie parfois, à empêcher ces lois de passer. Ce qui n'empêche rien. On a découvert des "lois secrètes" (si si). Ca n'a jamais empêché les gouvernements de vouloir tout surveiller, pomper, analyser jusqu'à une orgie de surveillance dont la Stasi et toutes les polices secrètes dictatoriales avaient seulement rêvé.


Mais jusqu'à présent, je n'avais pas rassemblé les morceaux épars du puzzle. Ce livre, au fur et à mesure de la conversation, le fait. Et le panorama, une fois assemblé les morceaux, est littéralement tétanisant d'horreur.

Avec un langage simple, des explications très claires et une discussion fort intéressante, on découvre l'effroyable faisceau d'intérêts qui pourrait mener à une société dont je ne crois pas qu'Orwell et Kafka aient pu songer dans leurs cauchemars glaciaux les plus noirs.

J'ai peur. Vraiment.

Menace sur nos libertés, de Julian Assange avec Jacob Appelbaum, Andy Müller-Maguhn et Jérémie Zimmermann
chez Robert Laffont, ISBN n°2221135229

Ce billet ayant été réalisé dans le cadre du Civblogger 2013, je me permets de demander à Alias, Thomas B. et aux corbeaux de lire un truc chiant. ;)

mardi 22 mai 2012

Les lianes et l'eau d'Issey

Normand Baillargeon, j'aime bien ce que j'ai lu de lui.Bon, certes, j'ai pas lu foule de livres de lui. Deux. Mais le premier était vraiment une petite merveille, et l'autre était fort intéressant. Aussi, quand j'ai vu son nom au-dessus du titre "Liliane est au lycée", je n'ai pas hésité et l'ai mis dans ma besace. Après paiement à ma libraire, qui me faisait les gros yeux en me voyant l'embarquer - je suis parfois distrait.

Le sous-titre de ce livre, paru dans une collection de Flammarion que je ne connaissais pas - Antidote - est : "Est-il indispensable d'être cultivé ?"

Baillargeon (canadien) part de la constatation suivante : les librairies françaises ont des rayons entiers de bouquins dédiés à un étrange animal, à savoir la Culture Générale. Nombre d'anecdotes médiatiques font état de politiques et autres célébrités pris en flagrant délit d'inculture (Lefebvre et son amour pour Zadig&Voltaire, par exemple). A partir de là, il essaie de comprendre ce qu'est la Culture Générale au sens généralement entendu, avant de la détruire.


En fait, l'auteur n'a rien contre la culture. Bien au contraire, sa conclusion est que la culture rend l'individu meilleur et qu'elle est une nécessité absolue pour le dialogue démocratique afin d'empêcher qu'il ne se transforme en guerre de propagande et de slogans (ce à quoi je répondrais qu'on en y est déjà hélas, cf. fiches précédentes sur le Storytelling). Ce qu'il défait, à raison, c'est l'organisation et les choix faits dans la somme d'éléments appelés Culture Générale qui est uniquement composée d'éléments provenant de l'occident, avec des choix extrêmement discutables, et méprisant à la fois les sciences "dures" ainsi que les éléments populaires (dans certains milieux on s'énorgueillit d'être nul en maths ou de ne pas savoir ce qu'est l'entropie*, de n'avoir jamais lu une bande dessinée ou ne pas savoir ce qu'est un comic**). A partir de là, il reconstruit une proposition de ce que devrait comporter une culture qui se veut générale telle qu'elle améliorerait la vie des citoyens qui y accèderaient, avec des vues sur l'éducation - des enfants ainsi que populaire - sans tomber dans la tentation relativiste et autres déraillements.

Le livre est bien fait et intéressant. J'ai beaucoup apprécié ses conclusions. Par contre, j'ai trouvé très très longue la première partie, assez répétitive, parfois péremptoire et j'ai même trouvé assez ironique (était-ce voulu ?) la destruction de la notion de Culture Générale à l'aide de citations. Le cri d'amour pour la philosophie qui orne un des chapitres est lui aussi un peu longuet, mais reste intéressant.

Bref, malgré ces quelques défauts, une bonne lecture et une thèse que je ne peux que défendre, qui m'a rappelé les spectacles Inculture de F. Lepage...

Liliane est au lycée de Normand Baillargeon
chez Flammarion, ISBN n°978-2-08126426-7

* : ce qui est, comme il le dit si bien, l'équivalent scientifique de n'avoir jamais lu un vers de Shakespeare
** : A mon humble avis, la BD américaine et ses super héros sont le reflet du pays qui les as créés, comme toute culture, et sont quelque chose à connaître au moins en surface pour mieux comprendre l'esprit qui habite les Etats-Unis

vendredi 25 juin 2010

Guide d'accès à l'Internet - Edition 2025

Ce petit lien (dans la langue de Goethe quand il écrivait à des potes aux États-Unis) vous permet d'avoir un aperçu de comment sera l'Internet du futur si les grosses corpos et les gouvernements, tous ces groupes pour qui la possession d'un cerveau devrait être rendue illégale, arrivent à leurs fin via des traités et des lois comme Hadopi et ACTA en pavent la loi.

Bonne lecture :
http://blogoscoped.com/archive/2010-06-24-n15.html

mardi 26 janvier 2010

Manifeste pour le Domaine Public

Puisque c'est à la mode, avec toutes ces lois qui sont là pour supprimer toute notion de vie privée, d'entraide et d'amitié, à savoir HADOPI, LOPPSI 2 et surtout l'innommable ACTA, lois qui ne font que démontrer la haine profonde des gouvernements actuels envers leur population, je me permets de faire passer un lien vers le manifeste pour le domaine public, que vous allez j'en suis sûr, signer.

Car LE DOMAINE PUBLIC EST LA REGLE, LE COPYRIGHT EST L'EXCEPTION. Ne l'oubliez pas.

Le site est : Public Domain Manifesto
Et vous trouverez là une version française du texte en pdf ou en odt.

Merci.

mercredi 31 décembre 2008

Ceinture noire d'autodéfense intellectuelle

Le second ouvrage sur les média est aussi beaucoup moins contesté. C'est un peu le pendant bénéfique de "L'Art d'avoir toujours raison" qu'avait écrit Schopenhauer avec une pointe d'humour non feinte.

Petit cours d'autodéfense intellectuelle
de Normand Baillargeon
Lux Quebec
ISBN : 2895960445

Normand Baillargeon n'est pas un inconnu du lecteur libertaire, puisqu'il a écrit une histoire du mouvement anarchiste claire et documentée sur laquelle je reviendrai probablement. Ici, il part d'une citation de Chomsky : "Si nous avions un vrai système d'éducation, on y donnerait des cours d'autodéfense intellectuelle. " Se posant la question de ce que pourrait contenir un tel enseignement, Baillargeon a écrit le manuel sur lequel les cours reposeraient probablement.

Cet opuscule détaille donc tous les mécanismes à repérer dans un discours, un article ou une image quand son auteur manque d'arguments valides pour justifier son point de vue. C'est bien d'autodéfense qu'il s'agit, car les articles et discours sont perclus d'arguments fallacieux, de phrases toutes faites et autres tournures relevant le plus souvent, pour être gentil, du mensonge involontaire (une des règles de la bonne discussion est de considérer son interlocuteur comme honnête).

Le livre détaille donc les paralogismes courants, ces arguments faussement logiques qui émaillent les débats politiques et paraissent extrêmement convainquants, y compris à ceux qui les utilisent. Sont ensuite couverts les graphiques, le "bon sens", etc.

Bien que son utilité éducative me paraisse évidente pour le lecteur de n'importe quel bord, voici l'utilité au lecteur de gauche :
  • Ce livre permet d'apprendre à repérer tous les vides logiques d'un argumentaire quel qu'il soit pour ne pas s'y laisser prendre.
  • Lors d'une discussion, ayant repéré ces vides, le lecteur assidu peut y enfoncer des coins argumentatifs qui détruiront la position adverse en soulignant simplement les erreurs de raisonnement.
  • Hélas, ce livre montre en creux comment employer les paralogismes à son propre usage, usage malhonnête que je décourage, mais qui permet de dire un mot sur le livre de Schopenhauer. Ce dernier, dans son Art d'avoir toujours raison (chez Mille et Une Nuits, ISBN:284205301X), détaille des outils rhétoriques pour l'emporter dans une discussion et écraser son adversaire. Il s'agit là aussi d'un catalogue de paralogismes que Schopenhauer présente avec une discrète pointe d'ironie et dans un but d'utilisation.