mardi 22 mai 2012

Les lianes et l'eau d'Issey

Normand Baillargeon, j'aime bien ce que j'ai lu de lui.Bon, certes, j'ai pas lu foule de livres de lui. Deux. Mais le premier était vraiment une petite merveille, et l'autre était fort intéressant. Aussi, quand j'ai vu son nom au-dessus du titre "Liliane est au lycée", je n'ai pas hésité et l'ai mis dans ma besace. Après paiement à ma libraire, qui me faisait les gros yeux en me voyant l'embarquer - je suis parfois distrait.

Le sous-titre de ce livre, paru dans une collection de Flammarion que je ne connaissais pas - Antidote - est : "Est-il indispensable d'être cultivé ?"

Baillargeon (canadien) part de la constatation suivante : les librairies françaises ont des rayons entiers de bouquins dédiés à un étrange animal, à savoir la Culture Générale. Nombre d'anecdotes médiatiques font état de politiques et autres célébrités pris en flagrant délit d'inculture (Lefebvre et son amour pour Zadig&Voltaire, par exemple). A partir de là, il essaie de comprendre ce qu'est la Culture Générale au sens généralement entendu, avant de la détruire.


En fait, l'auteur n'a rien contre la culture. Bien au contraire, sa conclusion est que la culture rend l'individu meilleur et qu'elle est une nécessité absolue pour le dialogue démocratique afin d'empêcher qu'il ne se transforme en guerre de propagande et de slogans (ce à quoi je répondrais qu'on en y est déjà hélas, cf. fiches précédentes sur le Storytelling). Ce qu'il défait, à raison, c'est l'organisation et les choix faits dans la somme d'éléments appelés Culture Générale qui est uniquement composée d'éléments provenant de l'occident, avec des choix extrêmement discutables, et méprisant à la fois les sciences "dures" ainsi que les éléments populaires (dans certains milieux on s'énorgueillit d'être nul en maths ou de ne pas savoir ce qu'est l'entropie*, de n'avoir jamais lu une bande dessinée ou ne pas savoir ce qu'est un comic**). A partir de là, il reconstruit une proposition de ce que devrait comporter une culture qui se veut générale telle qu'elle améliorerait la vie des citoyens qui y accèderaient, avec des vues sur l'éducation - des enfants ainsi que populaire - sans tomber dans la tentation relativiste et autres déraillements.

Le livre est bien fait et intéressant. J'ai beaucoup apprécié ses conclusions. Par contre, j'ai trouvé très très longue la première partie, assez répétitive, parfois péremptoire et j'ai même trouvé assez ironique (était-ce voulu ?) la destruction de la notion de Culture Générale à l'aide de citations. Le cri d'amour pour la philosophie qui orne un des chapitres est lui aussi un peu longuet, mais reste intéressant.

Bref, malgré ces quelques défauts, une bonne lecture et une thèse que je ne peux que défendre, qui m'a rappelé les spectacles Inculture de F. Lepage...

Liliane est au lycée de Normand Baillargeon
chez Flammarion, ISBN n°978-2-08126426-7

* : ce qui est, comme il le dit si bien, l'équivalent scientifique de n'avoir jamais lu un vers de Shakespeare
** : A mon humble avis, la BD américaine et ses super héros sont le reflet du pays qui les as créés, comme toute culture, et sont quelque chose à connaître au moins en surface pour mieux comprendre l'esprit qui habite les Etats-Unis

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