lundi 14 septembre 2015

La censure, ça ne marche pas. Jamais.

Vous êtes-vous déjà posé la question : "Mais ça sors d'où, ce sticker ?"

Parental Advisory : Explicit Content
Eh bien au milieu des années 1980, une bande de fans de censure s'est rassemblée, comme cela arrive à chaque nouvelle lune aux Etats-Unis pour interdire/prohiber un truc nouveau. Cette fois, le sexe dans les paroles des chansons.

Au passage, c'est fou ce que les êtres humains ont des problèmes avec leur méthode de reproduction ou leur kiki, je suis sûr que tous ces gens préfèrent utiliser l'insémination artificielle plutôt que de faire la bête à deux dos mais ça impliquerait encore trop de choses sales à leurs yeux. Il leur reste l'adoption... Et il paraît que la science va bientôt fournir des utérus artificiels. Enfin des gamins obtenus sans aucune sexualité. Ils doivent piaffer d'impatience.

Passons.

En 1985 donc, la femme d'Al Gore et ses copines ont reproduit les mêmes idées idiotes que celles qui avaient mené à la Prohibition aux Etats-Unis. Peut être, d'ailleurs, que comme pour celle-ci, les politiques de l'époque avaient décidé dans les années 80 de tenter d'en faire une question clef des élections suivantes. Un peu comme tous ceux qui, aujourd'hui, exploitent la xénophobie ambiante pour se faire élire un peu partout en Europe et dans le monde.

En tout cas, le PRMC avait l'oreille du sénat (faut dire qu'on parle de la femme d'un sénateur) et essayait d'obtenir que des labels apparaissent sur les disques et cassettes, voir sur les concerts, les vidéos et, si on peut, sur le front des chanteurs, aussi, on gagnera du temps. Lors de l'audition du sénat, on notera l'intervention très intéressante de Frank Zappa, dont la transcription se trouve là. Vous pouvez aussi trouver l'enregistrement vidéo sur youtube. A lire en écoutant un album de Zappa (si possible Frank Zappa Meets The Mothers Of Prevention).

Au final, après tous ces débats, que s'est-il passé ? Hé bien les majors audio ont décidé d'elle-même de coller un label sur leurs disques. On notera d'ailleurs que il n'y a pas de loi aux US obligeant les compagnies de cinéma à faire noter leurs films (R, X, etc.) mais que les cinémas eux-mêmes refusent de passer certains films sur la base de ces notes, ce qui fait que certains réalisateurs/producteurs censurent d'eux-même pour obtenir le label PG qui permet à un film de gagner plus de sous que "R". De même qu'aujourd'hui, le marché du cinéma en Chine est devenu tellement important que les maisons de productions américaines commencent à formater les films pour ce public, jugé encore plus rentable que les US (cf. Canard Enchaîné il y a quelques semaines).

Résultat (sur tous les fronts) :
- la prohibition américaine a enrichi les trafiquants d'alcool et a dû être retiré
- les albums avec le logo ont tendance à se vendre plus que le même album sans le logo
- les murs n'ont jamais résolu le "problème de l'immigration"
- Internet, le téléchargement de musiques et films a fait plus pour la culture et les auteurs que toutes les majors compagnie sur toute leur existence.

On remarquera que pour l'alcool, la drogue, Internet ou la musique, c'est éternellement l'argument "pensez aux enfants" qui revient sur le tapis. Pour rappel, si vous voulez interdire/censurer quelque chose, quoi que ce soit, il vous faut invoquer (au moins) un des quatre cavaliers de l'infocalypse : terroristes, narcotrafiquants, pédophiles ou blanchisseurs d'argent.

1 commentaire:

  1. En tant que parent d'enfants très jeunes, j'aime bien être au courant de la possibilité de voir du contenu qui n'est pas approprié à l'âge. Il s'agit dans ce cas non pas de censurer, mais d'informer au préalable l'utilisateur (ou ses parents) pour que le choix soit effectué en connaissance de cause. Par contre, c'est clair que les choix sont parfois très étranges : pourquoi pas d'avertissement devant le JT, dont les images sont parfois très violentes et visionnées en famille ? Pourquoi avertir pour un bout de nichon à un endroit, et pas pour des litres d'hémoglobine à un autre ?

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