lundi 18 mars 2013

Movie Night

Coqueluche des oscars, chef d'oeuvre confirmant que Affleck est à la fois un bon acteur et un bon réalisateur, Argo est un excellent film. Il raconte en détail un événement annexe à la crise des otages de 1979 en Iran.


Le film est très bien fait. Il commence par raconter, de manière claire et sans trop de parti pris les événements ayant amené à la crise : la mise en place par la CIA du shah, ses dégâts sur l'économie locale, son hospitalisation, la prise de l'ambassade des USA locale. A partir de là, on suit un spécialiste de l'exfiltration de la CIA, joué par Affleck, qui va créer un énorme bateau pour faire sortir 6 américains qui se sont enfuis de l'ambassadeur et se planque chez l'ambassadeur du Canada. Son plan consiste à aller en Iran en faisant croire qu'il fait des repérages pour un film de SF appelé Argo, et que les 6 à exfiltrer sont en fait venus avec lui et sont le caméraman, le réalisateur, etc. Pour donner de la crédibilité, il se démerde pour faire croire à l'existence d'un vrai projet cinéma, avec un casting, un studio, une affiche etc. à tel point, et c'est le but recherché, que la presse ciné de Hollywood croit au projet.
Je résume pas tout le film mais son plan réussit, de justesse. Le film est super bien joué et tient son auditoire en haleine jusqu'à la dernière seconde. Et c'est un peu là que le bât blesse. Si l'histoire est bien réelle, la partie la plus "tendue", toute la montée de tension est en fait apocryphe. Il n'y pas eu de réelle tension à l'aéroport, et les exfiltrés ont d'ailleurs pris plusieurs avions séparés. Est-ce que c'est grave ? Pas tant que ça : globalement, le fond ne change pas et, si on oublie que le film donne surtout la primeur à la CIA contre le Canada qui n'a pourtant pas chômé, il reste un film et non un documentaire. Aussi cette tension était elle nécessaire pour scotcher le spectateur à son siège.

Ce qui est amusant, c'est que je suis aussi aller voir No, le film sur la campagne pour le référendum qui mit fin au règne de Pinochet.



Avec un parti pris malin de tourner en simili-VHS (on va dire en "lomographie"), le réalisateur peut sans mal mélanger les images de son film avec les images d'époque sans que le spectateur perçoive la différence. On suit un pubard très doué à qui les gauchistes chilien veulent confier les spots de 15' de leur camp, en faveur du Non (au règne prolongé de Pinochet). Il bosse dans la pub, il est globalement apolitique, contrairement à la mère de son fils qui passe son temps en cellule après les manifs auxquelles elle participe, lui reprochant son inactivisme quand elle passe à sa maison. D'un bout à l'autre, il sera surtout motivé par la réussite de sa campagne de pub et à montrer à son boss qu'il est meilleur que lui (son patron s'occuppant de la campagne du Oui).
Si ce morceau d'histoire est intéressant et la lutte par spot de pub, agrémenté de menaces et de répression, est passionnante, je reprocherais au film deux choses : d'abord, le personnage principal est absolument fade. Totalement neutre, mou, sans opinion, sans couleur, limite neurasthénique. Le scénario passe un bout du début du film à le mettre en place et à nous le présenter mais on ne s'identifie jamais vraiment parce qu'on ne parvient pas à s'y intéresser. On se fiche totalement de sa vie creuse, de ses longues vadrouilles en skateboard ou de sa neutralité absolue. On reporte son intérêt sur ce qui est important (la campagne) mais c'est vraiment dommage. Le personnage de son boss, par exemple, est plus intéressant. L'autre problème, c'est que si le traitement lomographique a des avantages (l'inclusion de séquences historiques sans "coutures"), il n'interdit pas de bien filmer. On n'est pas obligé de se taper des longs plans "plein soleil" où l'écran est tout jaune. Faire baver autant les couleurs n'était pas nécessaire. Les images d'époque ne sont pas si mauvaise et je me souviens assez bien que l'image VHS était pas si poucrave...
Bref, un film correct, fort intéressant historiquement, mais avec des défauts qui rendent parfois le visionnage pénible. En gros, les défauts opposés au précédent.

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