jeudi 6 mai 2010

Solution locales pour désordre global cinématographique

Profitant d'une belle soirée bien froide de mai, je me suis réfugié dans la salle obscure et chaude des Sept Parnassiens pour y mater le documentaire de Coline Serreau.



Au cours de plusieurs voyages dans le monde agricole (France, Inde, Brésil, Afrique, Ukraine), Coline Serreau va interviewer de nombreux acteurs de l'agriculture bio/alternative, dont des membres du MST et le président de Kokopelli. On y découvre que les promoteurs de cette agriculture ne se contentent pas de geindre contre le vil suppôt capitaliste (comme les médias qui mentent le répètent inlassablement) mais, bien au contraire, proposent une véritable alternative qui fonctionne et donne de vrais résultats (en terme de production mais aussi d'emploi et d'environnement). Le sujet est passionnant et les intervenants excellents ; je pense particulièrement au couple d'ingénieurs en agronomie/microbiologie du sol.
Ce tour du monde présente donc des méthodes qui marchent provenant de gens qui obtiennent des résultats, seuls face à l'énorme machine industrielle qui passe leur temps à leur mettre des bâtons dans les roues. Saviez-vous qu'en France il est interdit même de _donner_ des semences qui ne soient pas dans un catalogue précis de semences autorisées dont le contenu est extrêmement inquiétant ? Je ne le savais pas non plus.

Bon, maintenant que j'ai dit tout le bien que je pensais du fond de ce film, passons à la forme. Là, par contre, c'est une catastrophe, malheureusement, qui nuit gravement au message, à sa diffusion et son acceptation. La caméra est très mal tenue. Je veux pas faire un catalogue exhaustif cruel et me contenterai des plus dérangeantes : image floue, effets de zoom malheureux, cadrage approximatif, montage hoquetant, caméra à l'épaule malheureuse, antagonisation du spectateur au début du film... La forme nuit vraiment au fond et c'est vraiment, vraiment, vraiment dommage.

Ça me fait de la peine de devoir en dire du mal... Car c'est un film à voir, pourtant, mais pour son contenu, en espérant qu'en sorte un livre...

2 commentaires:

  1. anecdote sans importance : l'autre fois, je suis allée dans un supermarché. ça faisait plus d'un an que ça ne m'était pas arrivé. le rayon des fruits et légumes était somptueux, beau beau beau, toutes ces belles formes, toutes ces couleurs arrangées avec goût, pas un pet' de terre, propre, magnifique, pas d'autre mot. en sortant, mon copain me dit : "ben, t'as pas pris le chou ?", réponse spontanée : "ah, c'est à vendre tout ça ???".
    c'était tellement beau, propre, calibré que ça m'a semblé faux, un décor, un jeu de la marchande pour fillettes, du plastique... et ça ne me serait pas venu à l'idée d'acheter un légume comme ça. trop parfait pour être honnête.
    j'ai vu "home", de yann arthus bertrand, récemment, je n'en ai rien retenu, sauf les "sponsors" en début de film. mission réussie pour la pub, raté sur le message de fond. trop beau, trop bien fait, un vrai film de cinéma, un truc faux. comme les légumes au supermarché. du toc.
    je n'ai pas vu le film de coline serreau (le passent pas dans ma campagne !), mais rien qu'à lire ce que tu en dis sur la forme, je sais d'emblée que je me sentirais beaucoup plus proche et concernée par le message. ça n'a pas l'air trafiqué, c'est... tel que c'est, avec tous les défauts. comme une vraie personne (pas une star du cinéma), comme un vrai légume tout déformé du jardin, un légume succulent. un truc qu'on n'oublie pas si facilement, ça devient tellement rare... je pense que coline serreau est cap' de faire de bons films, sur la forme. si elle choisit de ne pas le faire, c'est qu'elle a une raison. pas de fioritures, on va direct à l'essentiel, puisque c'est l'essentiel qui compte, pas l'enrobage.
    en bref, vu tout le mal que tu en dis, j'ai encore plus envie de le voir ! merci :-)
    pour info : il est interdit de donner des graines, mais aussi de les échanger.

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  2. Sérieux, va le voir.
    Par contre, si tu es sensible au mal de mer, prends un sac en papier : ça tangue.

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