Fiches de lectures de divers livres, d'une utilité discutable mais néanmoins présente, à l'usage du lecteur de gauche.
lundi 18 janvier 2010
L'Affaire des Affaires
On m'a prêté hier soir une bande dessinée sur l'affaire Clearstream. Vous savez, ce truc dont les médias disaient qu'on y comprend rien. En fait, c'est vraiment pas très compliqué... L'affaire Clearstream, la vraie, c'est pas les pov' conneries qu'on nous as servies à propos des pseudo comptes de notre président et d'un ancien ministre. Ça, c'est vraiment un détail qui n'a guère de rapport avec le vrai sujet du scandale (sur l'existence duquel je reste mitigé).
En 1999, Denis Robert fait la connaissance de Ernest Backes, un luxembourgeois qui travaillait pour la future Clearstream et s'est tiré avec pas mal d'infos sur les clients (liste de comptes et d'opérations) qui sous tendraient des opérations noires.
Quand les banques effectuent des transactions, aucune espèce physique ne transite entre leurs coffres (ce serait insupportable). Il faut donc, pour ce cas précis et si j'ai bien compris, faire appel à une société de clearing (Clearstream par exemple) chez laquelle les deux banques ont un compte. Le solde du compte Clearstream de l'une baisse de la somme transférée, et le solde de l'autre augmente d'autant. C'est tout bête. Clearstream se payant, je suppose, sur les frais de transactions. Notez que je suis pas sûr d'avoir pigé, hein.
Toutes les banques passent par ce genre de système, particulièrement celles qui ne peuvent communiquer entre elles.
Etant totalement méconnue du grand public, donnant la possibilité d'avoir des comptes secrets, il serait possible, si la direction d'une telle société n'est pas vertueuse, de faire nombre d'opérations délictueuses à grande échelle.
C'est ce qu'entend démontrer Denis Robert dans ses ouvrages, Révélation$, La Boîte Noire, etc. Seulement, il est en procès en cassation pour des diffamations qu'il a perdues car il n'a pu prouver que les affaires délictueuse ont vraiment eu lieu.
Je ne saurai pas le contenu des livres parce qu'ils ont été retirés des rayons des librairies (et les bouquins atteignent un prix étonnant sur le wèbe).
Aujourd'hui, Denis Robert a d'ailleurs annoncé qu'il baissait les bras sur son blog.
L'Affaire des Affaires est une bande dessinée scénarisée par ce dernier où il raconte le déroulement de son enquête, semaine par semaine, sur cette longue histoire qui a mobilisé l'assemblée nationale, l'union européenne, et partout ailleurs.
Que Denis Robert aie ou non raison, la puissance et la discrétion d'une telle structure financière peuvent à raison inquiéter. Quelle que soit leur honnêteté, nous avons donné beaucoup trop de pouvoir à ces structures, devenues intouchables. Il n'y a qu'à voir comment notre gouvernement s'est précipité de tout accepter pour "sauver" les banques, et comme on nous as fait passer la farce du G20 comme une grande avancée dans la réforme du capitalisme. J'ai les lèvres trop gercées pour en rire.
La BD est bien dessinée et très bien racontée. Ça se lit tout seul, c'est un vrai bonheur, et les subtilités économiques sont très bien expliquées. J'ai beaucoup apprécié ma lecture.
Suite à cela, j'ai cherché les deux ouvrages cités, et je n'ai pu constater que leur indisponibilité.
Quant à savoir la vérité, dans un milieu où le silence est la règle d'or, je crois qu'on peut toujours rêver. Et que Denis Robert n'aie pu prouver ce qu'il avançait ne signifie aucunement le contraire (c'est un paralogisme standard que dire que si A implique B alors nonA implique nonB) : la question reste donc en suspens. Il faudrait prouver nonB et il est particulièrement difficile de prouver une absence.
L'Affaire des Affaires de Denis Robert, Yann Lindingre et Laurent Astier chez Dargaud
Deux volumes pour l'instant.
Tome 1 : L'Argent Invisible ISBN : 978-2205061888
Tome 2 : L'Enquête ISBN : 978-2205063042
Site de la bande dessinée
Blog de Denis Robert
Site de Clearstream
Wikipedia :
Clearstream
Affaire Clearstream 1 (celle évoquée dans l'Affaire des Affaires)
Affaire Clearstream 2
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